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La baisse significative de fréquentation des lieux culturels met en lumière les difficultés auxquelles est confronté le monde de la culture. Dans un double contexte de sortie de crise et de changements profonds des pratiques, quelles solutions peuvent apporter les politiques publiques culturelles ?

 Les données sont floues quand elles ne sont pas contradictoires: en cette rentrée littéraire et des spectacles, il est difficile de comprendre si la faible reprise de la culture est conjoncturelle ou structurelle. 

Le Monde titrait fin octobre sur «  le difficile retour à une vie culturelle normale » tandis que Le Figaro se félicitait en même temps de ce que les cinémas retrouvaient une fréquentation inégalée. Alors que le ministère de la Culture a obtenu cette année un budget sans pareil et que le pass culture monte en puissance, les professionnels des musées, des théâtres, des cinémas constatent une fréquentation qui ne parvient pas à retrouver les niveaux d’avant le Covid. 

Cela témoigne-t-il d’un échec des politiques culturelles destinées à élargir les publics ou d’un changement de comportement durable des amateurs de spectacles ? 

Pour ce débat, Emmanuel Laurentin reçoit Nicolas Dubourg, président du syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), Philippe Coulangeon, sociologue, auteur de "Culture de masse et sociétés de classes, le Goût de l’altérité" (PUF, 2021) et Noël Corbin, délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle du Ministère de la Culture.

"Ce qui est intéressant, c'est aussi de regarder d'où on part, et quelles ont été les pratiques culturelles des gens pendant le confinement qui ont participées à un certain repli mais un repli constructif. Par exemple, le fait que beaucoup de Français et de Françaises ont travaillé sur des pratiques amateurs comme la pratique de la danse, de la musique, des arts graphiques, on a donc assisté à une forme de prise en main individuelle par les gens" Noel Corbin

"Il y a un autre phénomène sous-estimé, et c'est celui de la question de l'offre. La démocratisation finalement, c'est la manière avec laquelle on exerce notre métier, au-delà du fait de proposer un spectacle, c'est la question du comment on va entrer en contact avec notre public, c'est la question de la médiation. Ce sujet-là a été bouleversé par les pratiques numériques" Nicolas Dubourg

"On ne peut pas penser de politiques de démocratisation sans un soutien un peu structuré à l'offre et aux médiations. Le danger d'un renversement de la politique culturelle qui deviendrait centrée sur l'activation de la demande, c'est qu'on sait que le marché des biens culturels ne fonctionne pas spontanément de manière égalitaire" Philippe Coulangeon

Source : www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/ Le 4-11-2021