L'approche initiée par le Maroc en vue de déconstruire le discours haineux des jihadistes a été présentée jeudi à Genève, lors d'un débat de haut niveau au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Il s'agit d'une démarche intégrée qui n'omet pas la dimension relative aux contenus, laquelle donne au Royaume sa spécificité et son leadership en la matière puisqu'il est question de produire un discours alternatif, a souligné le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des oulémas, Ahmed Abbadi.
Devant un parterre d'experts, de hauts responsables de l'ONU et de diplomates réunis sur la question de "la prévention de l'extrémisme violent sous l'angle des droits de l'Homme", M. Abbadi a expliqué que l'action du Royaume a permis d'instaurer "des structures à même de tenir le pas et suivre toutes les nouveautés dans ce domaine communicationnel".
Cette approche, a-t-il ajouté, fait la jonction avec les autres aspects sécuritaire et économique des droits de l'Homme ainsi que social à travers l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH).
C'est dans la même optique qu'il a été procédé à la création d'un comité de révision des programmes et manuels d'enseignement en matière d'éducation religieuse, conformément aux Hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI.
Il a précisé que cette structure installée au sein du Conseil supérieur de la formation et de la recherche scientifique illustre l'attention particulière accordée à l'éducation aux valeurs de l'islam tolérant et authentique, rapporte la MAP.
"Une telle action ne pouvait pas aboutir à cette dimension fructueuse sans le suivi de Sa Majesté le Roi et ses sages directives pour que le traitement de ce dossier complexe soit soutenu et structuré", a fait observer M. Abbadi, qui a également participé à une conférence organisée par le Centre Ben Nayef pour la déradicalisation (Arabie Saoudite).
L'accent a été mis, au cours de cette rencontre, sur le partage des expériences et des bonnes pratiques en matière de lutte contre la radicalisation et les risques de l'extrémisme violent qui devient une menace sérieuse pour la sécurité mondiale.
M. Abbadi a souligné à ce propos que la gouvernance du champ religieux a conféré une efficience au combat mené contre la violence extrémiste, indiquant que cette gouvernance est notamment assurée par le Conseil supérieur des oulémas que préside SM le Roi, Amir Al-Mouminine.
Le Royaume, a-t-il ajouté, veille à la formation et la formation continue des oulémas pour qu'ils puissent "suivre les diverses mutations et surtout celles que les extrémistes appliquent à leur discours, en particulier par le biais des médias sociaux".
Il a dans le même contexte souligné le rôle de la Rabita Mohammedia des oulémas en matière de recherche, dans le cadre de sa mission de formation d'érudits chercheurs et leaders, sans oublier l'éducation par les pairs et la section enfance. Cette section, a-t-il précisé, a pour objectif de "renforcer les capacités de nos enfants pour qu'ils puissent être immunisés contre le discours haineux des extrémistes".
"Il y a aussi la dimension liée à l'ère qui est nanotechnologique", a relevé M. Abbadi, affirmant que l'accent est en effet mis sur la production de jeux vidéo qui intègrent les valeurs de paix, d'ouverture et de connaissance mutuelle. Il est nécessaire, a-t-il indiqué, de se focaliser sur ce que les jeunes apprécient le mieux (jeux vidéo, dessins animés, bandes dessinées) parce que les conférences à elles seules ne peuvent pas contrecarrer le discours des extrémistes qui utilisent justement ces supports-là.
Lors de cette réunion-débat, l'ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès de l'ONU, Mohamed Aujjar, a plaidé en faveur de l'éducation aux droits de l'Homme pour la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent et la promotion d'une citoyenneté responsable.
S'exprimant au nom de la Plateforme pour l'éducation aux droits de l'Homme (Costa Rica, Italie, Philippines, Sénégal, Slovénie, Suisse, Thaïlande et Maroc), M. Aujjar a appelé à une réflexion approfondie sur le rôle d'une telle éducation dans la promotion d'une citoyenneté responsable et de la coexistence.
Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU avait adopté, il y a six mois, sa première résolution sur la prévention de l'extrémisme violent, un texte qui met l'accent sur la nécessité d'un engagement collectif transcendant les frontières, les religions et les civilisations.
Ont notamment pris part à ce panel Mme Nazila Ghanea, membre du Conseil d'administration de l'Universal Rights Group, M. Gaston Garatea, professeur à l'Université catholique pontificale du Pérou, Mme Mehreen Farooq, de la World Organization for resource Development and Education.
Source : libe.ma/ 19 Mars 2016