Le modèle marocain en matière de lutte contre le terrorisme est fondé sur une stratégie à trois axes, a souligné le président du Centre maghrébin pour les études sur la sécurité et l'analyse des politiques, Abderrahim Manar Slimi.Dans une interview accordée à l’hebdomadaire égyptien Al Ahram Al Arabi, publiée jeudi dans un spécial sur l’organisation "Daech" au Maghreb et en Afrique, M. Slimi a expliqué que la première stratégie de ce modèle est basée sur la lutte contre l’extrémisme religieux à travers la réforme du champ religieux lancée en 2014 et qui ne cesse de se renouveler, avec pour objectifs la qualification des imams, et l’équipement et l’encadrement des mosquées tout en leur conférant des missions d’éducation.
Quant à la deuxième stratégie, elle est fondée sur l’Initiative nationale de développement humain (INDH) qui vise la lutte contre la pauvreté et le développement des villes et du monde rural, alors que la troisième stratégie s’appuie sur le développement et la modernisation de l’appareil sécuritaire, a-t-il poursuivi.
Et de souligner que cette troisième stratégie a permis à l’appareil sécuritaire de jouir d’un grand professionnalisme et d’efficacité grâce à la compétence de l’élément humain et à la gouvernance institutionnelle.
M. Slimi a mis l’accent dans ce sens sur le rôle du Bureau central des recherches judiciaires (BCIJ) comme un nouveau modèle sécuritaire pionnier dans la lutte contre les dangers du terrorisme et du crime transcontinental.
Il a ajouté que la pensée stratégique sécuritaire du Maroc en matière d’évaluation et de lutte contre les dangers, repose sur le fait qu’il n’existe pas ce qu’on appelle "le danger lointain".
Et de souligner, à cet égard, que ce qui se passe depuis des mois sur les frontières algéro-libyennes montre que la direction de l’organisation "Daech" en Libye se dirige vers l’Algérie, mettant l’accent sur une référence géographique et humaine qui combine l’héritage d’Al-Qaida et la réalité actuelle de l’organisation "Daech".
M. Slimi a relevé, à ce propos, que les données sur le terrain indiquent que les groupes extrémistes se sont engagés durant les derniers mois dans une vaste opération de recrutement au niveau de la frontière commune algéro-libyenne dans le sud.
Répondant à une question sur la concentration de "Daech" en Libye, l’expert marocain a fourni des données sur le nombre des personnes originaires des pays du Maghreb qui ont rejoint l’organisation Daech en Libye, mettent en garde contre les dangers que constitue ce phénomène sur les pays voisins de la Libye.
Il a relevé à cet égard une tendance, selon certaines informations sécuritaires, pour établir une connexion entre Daech et les cellules d’Al-Qaïda existant dans le nord du Mali et le sud de l'Algérie, et à accroitre le nombre de combattants dans le nord du Mali, où les chiffres indiquent qu'il ya entre 5000 et 7000 combattants terroristes, principalement d'Afrique du Nord, et qu’environ 70 pc d'entre eux sont des Algériens affiliés au groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique.
M. Slimi a fait remarquer que ce nombre a augmenté considérablement depuis l'arrivée de Lahbib Aadi Saïd, issu des camps de Tindouf en Algérie et surnommé Adnan Abou Lwalid Assahraoui.
Source : MAP-Le Caire, 31 déc. 2015/ Par :Manar Slimi