Des QR codes dans nos smartphones, des rendez-vous pris sur Doctolib et même des téléconsultations : la crise sanitaire donné un coup d'accélérateur à la révolution numérique en précipitant l'apparition des données dans notre quotidien.
C'est donc pour améliorer leur production, leur utilisation mais aussi leur protection que le projet PariSanté Campus a été lancé conjointement par les ministères des Solidarités et de la Santé, et celui de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation il y a tout juste un an. À sa tête, le professeur Antoine Tesnière, anesthésiste à l'AH-HP et conseiller Covid-19 auprès d'Olivier Véran. Pour lui, il est grand temps que la France et l'Europe convoquent leur compétences en matière de recherche et d'innovation pour concurrencer les leaders américains ou asiatiques, et prennent les rênes dans le domaine de la santé numérique : "Nous sommes partis de deux constats : le premier, c'est que la révolution numérique est en cours - on l'a bien vu avec la crise sanitaire -, et qu'il est essentiel d'accompagner ses changements avec des réflexions à la fois scientifiques, économiques et sociales. Le second, c'est que quand on réunit les acteurs, et qu'on mutualise les savoirs, c'est là que l'on peut porter l'innovation au meilleur niveau".
Regrouper les experts, conjuguer les savoirs
PariSanté Campus regroupera donc toutes les expertises concernées de près ou de loin par la révolution numérique : des scientifiques, des chercheurs, des épidémiologistes ; mais aussi des économistes, des entrepreneurs et une trentaine de start-up. Le bâtiment, composé de sept étages aménagés en bureaux, laboratoires et open-spaces lumineux, est conçu pour décourager les échanges entre les différents corps de métiers : "Rien que la semaine dernière, un chercheur en imagerie et un entrepreneur en cabines de télémédecine se sont croisés ici-même" sourit Antoine Tesnière en désignant un des espace de rencontre aménagés dans le hall. "Au cours de la discussion, ils se sont rendu compte qu'ils pourraient insérer des sondes d'échographie dans les cabines, et ont échangé leurs coordonnées."
Grâce à la collaboration de l'université PSL, PariSanté Campus proposera également une offre de formation initiale et continue dans divers domaines : sciences du vivant, de la santé, des données et de l'intelligence artificielle. Quentin Garçon, responsable de la coordination pour l'université PSL, mentionne déjà quelques projets en lien avec les données numériques : "Dans la recherche contre le cancer, l'exploitation des données va nous permettre de faire de meilleurs diagnostics et pronostics. On peut même imaginer des patients virtuels, auxquels ont administrerait différents traitements pour voir lequel réagit le
L'importance des sciences sociales dans la révolution numérique
Enfin, toutes ces innovations scientifiques seront mises en perspectives par les équipes économiques et sociologiques de PariSanté Campus. Pour Emmanuel Didier, chercheur au CNRS et membre de l'Institut santé numérique en société, il est essentiel d'impliquer la société civile dans cette révolution numérique : "Ces avancées, cette nouvelle utilisation des données vont changer beaucoup de choses dans notre quotidien. Par exemple, notre rapport avec notre médecin, si on ne le voit plus en vrai". Parmi les autres exemples cités : la question du profit ou de la protection des données. "Nous allons travailler avec des sociologues, des politologues, des historiens, des spécialistes en déontologie pour analyser l'effet de ces innovations sur nos comportements et nos liens sociaux, afin d'en maîtriser les codes et de mieux en appréhender l'intégration dans nos modes de vie". Les premiers projets seront menés Porte de Versailles, mais PariSanté Campus prévoit déjà de déménager sur le site du Val de Grâce. Cet espace de 70 000 m2, réhabilité pour l'occasion, sera plus à même d'accueillir les quelques 1 000 personnes amenées, à terme, à travailler sur le projet. Un symbole, au regard de l'histoire, de l'excellence de la médecine française.
franceculture.fr/ Le Reportage de la Rédaction par Mathilde Cariou/13-12-2021