Les relations entre le Maroc et l’Algérie ont connu un très net refroidissement depuis quelques semaines, avec une rupture des relations diplomatique le 24 août 2021 à l’initiative de l’Algérie (seuls les consulats restent ouverts) et l’ultime provocation de la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains, le 22 septembre.

 Rien ne justifie ce sursaut d’hostilité à l’égard du voisin marocain qui, au plus haut sommet de l’État, on y reviendra, n’a de cesse que de tenter de maintenir des relations de bon voisinage. Même si force est de constater que cette agressivité s’inscrit, hélas, dans une certaine continuité.

En effet, le Maroc, peu après avoir recouvré son indépendance dut déjà affronter les attaques de l’Algérie avec la « guerre des Sables » en octobre 1963, qui a vu l’armée algérienne attaquer un détachement des Forces armées royales. Puis, le régime algérien a soutenu le séparatisme au Sahara marocain ; l’objectif d’Alger était de tenter de porter atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume en refusant de reconnaître la parfaite « marocanité » des provinces du Sud. Dans les deux cas, Abdelaziz Bouteflika, qui vient de décéder, était déjà à la manœuvre…

Ces contestations territoriales sont un des prétextes de tensions entre les deux pays, l’Algérie n’acceptant pas de se soumettre à une réalité historique comme politique, à savoir le caractère indiscutablement marocain des provinces du Sud. C’est ainsi qu’en représailles de la Marche Verte (1975), qui vit le peuple uni à son Roi manifester son attachement pacifique à la protection de ses frontières, l’Algérie, le jour même de l’Aïd Al Adha, expulsa d’un seul mouvement près de 45 000 familles marocaines. Ce traumatisme est toujours présent aujourd’hui chez nombre de marocains.

Depuis des décennies l’Algérie utilise tous les moyens, dont celui du financement de mouvements séparatistes instrumentalisés à cette fin, à savoir le Front Polisario et ses satellites, pour toujours et encore attaquer son voisin et tenter de le déstabiliser. Plus récemment, on se souvient des troubles générés par les milices de ce même Polisario, en novembre 2020, dans la zone tampon de la région de Guergarate.

Des actions hostiles, avec l’appui de certains pays européens, hélas, de groupes communistes ou gauchistes et d’une presse aux ordres de la pensée totalitaire, sont également mises en œuvre de façon constante, et souvent insidieuse, pour tenter de circonvenir une opinion publique que l’on croit toujours pouvoir manipuler.

On rappellera l’épisode de l’accueil secret par l’Espagne du chef du Front Polisario, sans qu’il soit inquiété ou même interrogé, alors même qu’il faisait l’objet de plusieurs plaintes pour des actes de tortures et de barbarie. On se souvient de son exfiltration — après la réaction ferme du Maroc ― par un vol militaire algérien, vers l’Algérie, qui signait son implication inamicale dans l’affaire, dont personne ne doutait d’ailleurs.

Mais tout cela se heurte à la volonté du Royaume ― à l’histoire plus que millénaire ― de maintenir ce qu’il est et qui fait sa singularité dans l’espace africain.

Depuis 1956, date à laquelle le pays a pleinement recouvré sa souveraineté, les Rois successifs (Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI) n’ont eu de cesse que d’agir pour maintenir et protéger ses frontières historiques et contrer les velléités séparatistes. Le souverain actuel, Sa Majesté Mohammed VI, fait preuve de patience et de sagesse en mettant en œuvre une politique volontaire et responsable. Lorsque le Président Tebboune a été élu en décembre 2019, le Souverain Marocain lui a présenté ses félicitations.

De même il a ordonné l’envoi d’avions Canadair pour lutter contre les gigantesques incendies qui ont ravagé une partie de l’Algérie sans que le voisin algérien accepte cette proposition qui n’était pourtant mue que par le souci d’aider à préserver les populations. Bien plus, le régime algérien a fait rire la terre entière en affirmant que les incendies avaient été allumés par… Le Maroc !

Dans son discours lors de la Fête du Trône, prononcé fin juillet 2021, Mohammed VI a lancé un appel vibrant à la mise en place de relations apaisées avec son voisin algérien. Il a proposé d’oublier le passé, pour établir de nouvelles bases de relation et de coopération dans un nouvel élan, sur le fondement également des problématiques communes auxquelles étaient confrontés les deux pays : « l’immigration, de la contrebande, du narcotrafic et de la traite des êtres humains ».

Ces paroles, marquées du sceau de la sagesse caractérisent une véritable vision d’État de la part du Souverain marocain qui, face aux attaques répétées de l’Algérie, choisit pourtant de mettre en œuvre une approche pragmatique en tendant la main pour le bien des deux peuples. Dans un souci de rester concret, le Roi Mohammed VI a appelé, dans ce même discours du Trône, à la réouverture des frontières et à l’utilisation des instruments nés du Traité signé à Marrakech le 17 février 1989, entre le Maroc, l’Algérie, la Libye, la Tunisie et la Mauritanie, et qui a créé l’Union du Maghreb Arabe (UMA).

À l’opposé, le pouvoir algérien n’a de cesse que d’invoquer et d’opposer des « actes hostiles incessants » ― que les observateurs sérieux peinent à identifier ― qui interdiraient des relations normales avec le Maroc. On le voit, la plus grande mauvaise foi est présente à Alger pour tenter de justifier des actions agressives à l’encontre du Maroc.

L’explication en est sans doute constituée par le refus d’admettre que, malgré une politique permanente en vue de déstabiliser le Royaume, ces visées destructrices n’aboutissent pas et que le Maroc continue tranquillement son chemin vers le développement économique et le renforcement de ses institutions, tout en préservant son intégrité territoriale. On n’a pu sur ce point que constater la forte participation aux très récentes élections générales ― organisées avec succès en pleine crise sanitaire ― qui témoigne du soutien populaire aux institutions et à la monarchie. Dans les Provinces du Sud, la participation a atteint des records (pour Dakhla Oued el Dahab avec près de 59% ; 63,76% pour la région de Goulimine-Oued Noun, et 66,94% pour la région de Laâyoune-Sakia el Hamr) ce qui traduit, si besoin était, l’attachement des populations locales au Royaume.

Il est à espérer que l’Algérie comprendra enfin qu’il est vain pour elle de dépenser son énergie pour nuire au Maroc. Les dirigeants algériens seraient mieux inspirés s’ils se souciaient au contraire d’agir pour mettre en place des relations harmonieuses, qui doivent être la règle entre pays voisins, pour le bien des deux peuples. Mais est-ce que les caciques algériens uniquement préoccupés par leur survie, se soucient le moins du monde de leur peuple ?

etudes-geopolitiques.org / Jean-François Poli/ Le 27 septembre 2021