C’est la patrie d’Ahmed al-Mansour (1578-1603) et d’Ibn Batouta (1304-1377). Pour Eugène Delacroix (1798-1863), il est source d’inspiration et de fascination, Le dramaturge et romancier Tennessee Williams (1911-1983) appréciait son hospitalité. On loue sa singularité et on donne en exemple la générosité de son peuple et la clairvoyance de son Souverain. Devinez de quel pays s’agit-il ?
Il s’agit d’un pays millénaire, carrefour de rencontres et de civilisations, un pays fier de ses racines et jaloux de sa stabilité et sa cohésion sociale : Le Royaume Chérifien
Aujourd’hui, ce pays et ce peuple pleurent l’un de leurs enfants, Mohssine Fikri,qu’un destin atrocement injuste a arraché à sa famille et à sa terre d’Al-Hoceima. Sa mort est un choc. Par tout dans le Royaume on crie à l’injustice, on dénonce les atteintes à la dignité humaine et on pointe l’abus du pouvoir et les dysfonctionnements d’un système administratif d’un autre temps. La douleur et la colère sont à leur comble.
Le père du défunt, Ali Fikri, s’est dignement élevé au-dessus de tout et de tous pour faire fi de sa douleur et dire son amour pour sa patrie et sa hantise de l’anarchie et du désordre. Cette noblesse d’esprit et cette grandeur d’âme sont une leçon à méditer, un exemple de patriotisme à enseigner et à suivre.
Il faut se hausser à la hauteur de la clairvoyance d’Ali Fikri et respecter sa volonté de ne pas faire de cette tragédie un motif de sédition et de rébellion. Laissant la justice faire ses preuves. Veillant à ce qu’elle fasse son travail avec la célérité et la rigueur qui s’imposent. Point de subterfuge et de mollesse. Situer avec justesse les responsabilités et punir les véritables coupables, avec la sévérité que la loi prévoit et autorise, est le minimum que le peuple marocain peut attendre de sa justice. Faire comme si, en faisant sauter des « fusibles » ou en désignant des « boucs émissaires », serait, en revanche, une insulte à la mémoire du défunt Mohssine et à l’intelligence des marocains.
La vengeance est mauvaise conseillère. La spéculation sur les responsabilités et l’origine de ce drame n’apporte que de la confusion et de la méfiance. Les scénarios hasardeux (sécession, dissidence, séparatisme) échafaudés par des oiseaux de mauvais augure sont du pain bénit pour des charognards qui guettent le moindre signe, ou le moindre fait, pour s’attaquer à ce que le pays a de plus essentiel : sa stabilité et sa cohésion sociale. En aucun cas donc, sous aucun prétexte, sa dynamique réformiste, sa marche résolue sur la voie du développement économique et humain, sa volonté d’instaurer les bases de l’Etat de droit, ne doivent être gênées ou dévier de leur direction.
Faisant de ce terrible malheur la preuve de la solidité de la cohésion nationale. C’est un instant de vérité, certes, pour dire notre désir d’un Maroc de justice et d’égalité sociale, un pays stable et prospère, mais faisant le deuil du défunt Mohssine Fikri dans la prière et la sérénité. C’est ce que nous pouvons faire de mieux pour rendre hommage au défunt et à sa famille. Ce que nous pouvons faire de mieux et de plus raisonnable pour notre pays, dans ces circonstances difficiles, c’est de célébrer, comme il se doit le 61ème anniversaire de son indépendance, c’est d’accueillir avec fierté le 41ème anniversaire de la Marche Verte, et en faisant connaître à nos jeunes générations cette épopée nationale, symbole du génie de son Roi et de sa cohésion. Montrant au monde entier à l’occasion de la COP22, ce que le Maroc est capable de faire pour que ce monde soit plus fraternel et pour que cette planète soit plus vivable demain.
Le cœur est en effet brisé par le décès tragique de Mohssine Fikri. Le sentiment d’injustice et d’humiliation que ce décès suscite dans le pays est légitime. Mais la raison doit l’emporter ; car c’est elle qui nous permet de « connaître, de bien juger, de discerner le vrai et le faux ou le bien et le mal ».
Dr Mohammed MRAIZIKA
(Chercheur en Sciences Sociales, Consultant en Ingénierie Culturelle….)